In The Dark [Keisuke]

Au plus grand damne de Suong Tran, la valse des parapluies avaient reprit. Et toute cette agitation qui ne vient que lorsque le ciel décide de gronder et déverser ses larmes sur vous était arrivée à une vitesse impressionnante. À peine quelques gouttes étaient tombées que déjà les rues s'imprégnait d'une douce folie qui ne cessait de devenir agressive à chaque claquement d'eau sur les trottoirs. Les voitures semblaient s'être multipliées. Et si leur présence aurait pu se faire discrète, leurs conducteurs pourtant bien au chaud klaxonnaient sans véritable raison. Certes, certains chauffards avaient boucher la rue, bien trop presser de rentrer chez eux pour faire attention aux feux ou au stop mais était-ce là un prétexte acceptable pour s'exciter sur son volant? Ils ne seraient pas plus vite rentré et ne feraient en rien avancer la circulation. À s'énerver, ils risquaient bien plus de causer un regrettable accident avec un autre bolide ou un passant. En parlant d'eux, ils n'étaient guère plus attentionnés. De peur de voir leur cheveux friser, ils envoyaient promener leurs voisins de routes ne se souciant guère si leurs pieds se poseraient sur une plaque glissante. Leurs parapluies venaient griffer quelques visages mais leurs propriétaires ne s'en souciaient aucunement. Les piétons se précipitaient sous un quelconque porche ou sous les abris bus. Abris bus où se trouvait notre charmante demoiselle. Debout car les sièges étaient déjà pris, elle se faisait balloter en tout sens. Préserver les pâtisseries qu'elle avait acheté n'était pas une mince affaire. Elle ne doutait guère que celles-ci devaient déjà être dans un piteuse état. Que de gâchis! Certes, elle aurait pu demander à son chauffeur de venir la chercher mais il avait toujours eu une conduite laissant à désirer. Elle craignait qu'avec la pluie, il puisse arriver un quelconque accident. Du bon sens? De la prévention? Si seulement...Ce n'était qu'une grande poltronne même si elle ne le montrait jamais. Elle préférait garder un visage impassible et se laisser embêter, ne disant rien. Quand aux situations aux risques, elle les craignait plus que tout mais sa lâcheté venait surtout de sa relation avec les autres. D'accord, il y'avait aussi le fait qu'elle n'avait jamais su se faire respecter et ce depuis l'enfance. D'ailleurs si tel avait été le cas, on ne l'aurait pas autant bousculer sans ménagement ou doubler lorsqu'il fallait monter dans le bus. Deux cars avaient fini par lui passer devant, bonder et sans qu'elle n'est pu y monter. Blasée, elle soupira et avec un certain acharnement dont elle ne connaissait pas la provenance, réussit à s'assoir sur le banc. Elle attendrait...Quitte à ce que les heures passent, elle préférait attendre que la foule devienne moindre.

Un autre bus passa. Après avoir vomit son flot de passagers et s'être revitailler, il s'en alla abandonnant une jeune coréenne seule à un arrêt de bus. Oh sa solitude ne dura guère longtemps puisque d'autres employés, tout juste sortis d'un travail harassant vinrent la rejoindre. Ils furent moins nombreux, seulement six ou sept mais il se faisait tard. Bientôt, elle serait la seule à attendre un car. Sûrement le dernier. Pourquoi rester assise alors qu'à présent elle pouvait prendre son transport sans risque de se faire jeter en arrière? Suong Tran n'en savait trop rien. Elle se sentait tellement bien, là à ne rien faire d'autre que d'apprécier l'air frais, le clapotement de la pluie et le silence perturbé de la ville. Elle n'avait jamais été une demoiselle cherchant toujours la chaleur de son doux domicile. Elle adorait être dehors et surtout les jours de pluie. Les rues se vidaient, l'humidité et l'odeur de la terre lui plaisaient et la douce mélodie de l'averse la berçait. Cette merveilleuse chanson l'endormit d'ailleurs. Ou du moins la fit somnoler. Les gâteaux sur ses genoux, son dos contre la parois en verre de l'abris, elle se laissa emporter par la fatigue. Combien de temps elle dormit? Sûrement longtemps car lorsqu'elle se réveilla en sursautant légèrement, elle était l'unique personne à attendre. Un petit regard à sa montre lui indiqua que la nuit était à présent bien avancée. Par chance, la vietnamienne n'avait pas encore loupé le dernier convois. Enfin chance...Peut-être qu'il aurait mieux valu qu'elle le croit et s'en aille, se soit réveillée plus tôt et prit le car d'avant. Cette belle soirée allait aller de mal en pis. De toute façon tout allait toujours de travers. Quand une journée parfaite s'annonçait, un petit élément venait tout perturber et agaçait notre demoiselle. Oui elle savait s'irriter, comme toute personne. Aussi patiente fut t'elle.

Pas soucis de circulation, le dernier bus fut annulé. Elle soupira agacée. Devait t'elle se résoudre à appeler le chauffeur? Mouais...Prendre les transports en commun comme la majorité de ses camarades lui plaisait. La vietnamienne en avait assez de devoir faire différemment à cause de sa richesse. Se levant de son banc, elle partie à la station de métro la plus proche. Une première pour elle...Il y'avait des débuts à tout non? Le vide de la galerie ne l'étonna guère. Vu l'heure la majorité des citoyens devaient être rentrés chez eux ou s'amusaient déjà en bonne compagnie pour certains. Elle ne risquait donc pas de se faire déranger. Du moins c'est ce qu'elle cru ne serait-ce qu'un petit moment. La soirée n'avait pas finie de se détériorer apparement.

Ce qu'il se passait? Un groupe de quatre jeunes hommes venaient de débarquer. Rien de mal non? Pour l'instant seulement. Ils dérangeaient la demoiselle. En plus d'être bruyant et d'avoir des paroles totalement stupides et déplacées, l'odeur de l'alcool se faisait fortement sentir. Ils auraient pu en rester là. Si seulement ils n'avaient pas remarquer Suong Tran, assise tranquillement à regarder les rares voitures défilées. Après de nombreux gloussements et l'avoir apostropher une dizaine de fois, ils vinrent vers elle. Comme toujours, elle ignora. Elle se contenta de leur lancer un seul regard avant de se replier sur elle même. Ce qui fit rire. Et on se mit à la draguer. Des dires allant trop loin et guère charmant. Non ce ne fut pas tout. Car si s'amuser à provoquer les amusa un temps, qu'elle ne réponde pas les énerva petit à petit. Et ils se firent plus virulent et en vinrent à devenir un peu trop touche à tout. Une main caressa le visage de la jeune femme tandis qu'un autre vint prendre la sienne qu'elle tenta tout de même de retirer. En vain. On posa des doigts sur sa cuisse et son regard se noircit. Car si les coups ne la gênaient plus depuis bien des années, qu'on puisse penser lui enlever son intégrité lui était innacceptable. Peut-être qu'elle allait enfin se bouger? Du moins si elle le pouvait. La coréenne tenta de s'en aller. Comme elle s'y attendait, on la retint. Elle pesta contre elle même. Pourquoi ne savait t'elle pas se battre comme certaines demoiselles? Tant pis, elle ferait comme n'importe qu'elle fille et se contenterait des moyens du bord. Avec peine, elle envoya sa boite de pâtisserie dans le visage d'un des opportuns. Bah ce n'était rien mais elle aurait le mérite d'avoir tenter quelque chose. La demoiselle se mit à leur crier dessus en vietnamien le plus vite possible pour les clouer sur place et peut-être avoir le tant de partir en courant.

Ce soir là Keisuke avait décidé d’aller au karaoké. Ce n’est pas qu’il en était fan, rien de ça au contraire, il était bien trop pudique et timide pour se donner en spectacle, enfin pas dans ce genre de spectacle ! C’est pour voir ses amis chanter… qui eux tout au contraire aimer chanter, danser, boire, et c’est dans ce genre d’ambiance qu’on peut voir la véritable personnalité du jeune japonais, encore faut il y avoir été invité ! Et oui, car le cercle qui compose les amis d’Hanazawa est très fermé.

Les chansons se succédèrent, tout comme les chanteurs, pas la peine de vous dire que certains des amis, n’ayant pas l’âge de boire ne se privés pas pour briser cette règle… Ce qui n’est pas le cas de Keisuke, qui, très humble, ne buvait jamais une goutte d’alcool, jugeant que l’état d’ébriété rendait l’homme faible aux yeux du monde. Pour une fois son arrogance est dans le vrai. Pourtant son statut pourrait lui donner le droit à tous les vices ou presque.

Le temps avançait à grand pas et bientôt il était l’heure de rentrer à l’internat… Le lendemain le jeune homme avait des devoirs sur table et il se devait d’être en forme, du moins un minimum présentable. La nuit serait certainement courte, mais il ne doutait en rien sur ses compétences intellectuelles. Il est vrai que le nippon était très doué en cours, un très héréditaire des Hanazawa. Ne se souciant pas de l’état de ses amis qui était devenu récurant, il les salua leur expliquant qu’il était temps pour lui de tirer sa révérence pour ce soir.

Il paya sa part, sortit du karaoké et se retrouva dans la rue sous la pluie. Il redressa sa veste et se mit à courir dans la rue pour rejoindre le premier transport en commun qu’il trouverait. Pourquoi ne pas appeler un chauffeur, il en avait les moyens, surtout pour un jeune homme dont on peut évaluer la fortune familiale… tout simplement parce qu’il n’en avait pas le droit ! Il était à Tokyo pour étudier et non pas pour faire usage d’une voiture pour se promener… et oui, la famille Hanazawa était sans nul doute une des plus riches familles du monde, mais aussi une des plus sévères et exigeante. Pas la peine de vous dire que cette sortie nocturne est en aucun cas autorisée par l’école… mais étant donné les brillants résultats du jeune homme, la directrice et ses sous-fifres semblent fermer les yeux.

Alors qu’il courait dans les rues encore illuminés par les écriteaux électriques de pub, la pluie continuait de tomber sans pause. Aussi fine que nombreuses, les gouttes tombaient sur le jeune homme glissant sur ses cheveux et ses vêtements. Il vit un arrêt de bus, où il décida de s’arrêter d’une part pour s’abriter, d’autre part pour y regarder les horaires… tout semblait bon, appart que le jeune homme ne pouvait pas donner un billet de soixante mille En pour un ticket qui valait vingt fois moins cher. Dans ces cas là, être riche ne sert vraiment à rien… Bien sur le jeune homme pourrait contourner le loi et prendre le bus sans ticket, ou même n’importe quel transport en commun ferait l’affaire... Seulement il n’était pas question de se faire remarquer ! On peut tout régler par l’argent, surtout les colères de son père. C’est alors qu’en fouillant dans sa poche il trouvait un billet de métro. Un vieux billet de métro que lui avait donné une fille de l’école… pour une fois il se félicita d’être né sous une bonne étoile… comme si avant il ne l’était pas !

Il attendit quelques secondes avant de reprendre la route et de rejoindre la station de métro, qui comme de par hasard de l’autre côté de la rue qu’il venait de traverser. Alors une nouvelle fois, il se mit à courir dans cette même rue, toujours allumé des panneaux électrique de réclame. Il courut aussi vite qu’il pouvait, car Keisuke n’aimait pas vraiment être mouillé… n’allez pas croire qu’il était aquaphobe, non pas du tout… mais être trempé ainsi était une sensation qu’il jugea désagréable pour lui et surtout pour sa condition.

Il rejoignait enfin la station de métro, poinçonna son vieux billet de métro avec un large sourire qui en disait long sur son soulagement. Après avoir vérifiait les lignes du transport et les horaires, Keisuke s’assit sur un banc et se frotta les cheveux. C’est alors qu’il entendit crier, une fille, oui une fille. Mais il ne pouvait distinguer ce qu’elle disait, c’était bien une langue qui lui était inconnue, enfin c’était une langue asiatique, c’est tout ce qu’il pouvait dire ! Il était bien trop d’humeur fainéante pour se lever et aller voir de quoi il en retourner... après tout chacun ses problèmes. Pas question d’intervenir, comme s’il avait que ça à faire.

Le métro arriva, c’est alors qu’il se leva et vit la scène… Une fille contre des garçons. Le genre de lâcheté que ne supportait pas le jeune homme. Et oui, aussi sadique et orgueilleux qu’il puisse être, Hanazawa a quand même des principes. Mais là, encore une fois, il n’était pas question de se mêler à quoi que ce soit, encore moins entrer dans une baston pour défendre une fille qu’il ne connait pas et qui ne serait certainement pas du même milieu que lui… une fille, ici à cette heure ci ne pouvait être qu’une fille de basse condition. Mais une fille est une fille quand même… non ?!

La sonnerie retentit, vous savez, celle qui indique fermeture des portes avant départ du véhicule… C’est alors que Keisuke vit la jeune fille qui était prête à courir en sa direction. Il prit les devant, s’approcha d’elle assez rapidement, la prit par la main et l’entraina dans le wagon de métro juste à temps… Les portes se refermèrent devant les yeux de ces jeunes saouls qui essayaient tant bien que mal d’avoir la jeune asiatique pour eux. Le métro s’engouffra dans les tunnels emportant les deux jeunes gens.

Ca va aller ? Voici les seuls mots qui sortirent de sa bouche après cette tentative de sauvetage. N’allez pas voir Keisuke comme un héros… Il ne l’a pas sauvé parce que c’était elle. Mais parce qu’il ne supporte pas de voir des gens se battant avec un nombre inégal de participant ou surtout de voir ces êtres ivres, les réduisant ainsi à un état où qu’on appel animal.

» Contact Keisuke
» Let's go party! Or not... {H. Keisuke}
» Keisuke and cie ~ 絆の慶介
» Keisuke Hanazawa